2012-10-14 10:00:002012-10-14Située sur l'estuaire de la Loire, la petite commune de Corsept accueille le 3ème salon du livre organisé par l'AFEASSE (Association Fédérative des Associations de l'Estuaire). Il s'est tenu les 13 et 14 octobre 2012 au Centre culturel.

Qu'y a-t-il de plus imparfait, de plus fallacieux et falsifiable qu'un souvenir? A l'instant même où il commence à exister, le présent n'est déjà plus, et le cerveau se met à l'oeuvre. Il range l'évènement dans un tiroir et le referme avec soin, sans un bruit. Il le laisse se déliter sournoisement, perdre de sa substance et se diluer dans l'oubli. Et puis un jour, à la faveur d'une rencontre ou d'une parole, il tente de ressurgir, intact. Enfin, c'est ce qu'il croit, le pauvre...

Le temps a laissé sa trace impitoyable sur l'image du vécu. Les petites cellules grises ont bien du mal à raccrocher les morceaux de l'histoire les unes aux autres, alors elles improvisent une nouvelle trame pour y accrocher les lambeaux épars des pensées distraites. Et elles enjolivent, elles brodent, elles escamotent... On y croirait presque, tellement c'est beau et vivant, ça donne envie. Oui, mais voilà... On ne recommence jamais la même toile, les pinceaux ont changé et la palette s'est asséchée. L'inspiration du moment n'est qu'éphémère, et vouloir la raviver n'est qu'illusion.

Alors, respirer un bon coup et se concentrer sur l'instant présent, celui qu'on vit avec intensité ou mollesse, c'est selon. Ne jamais regretter d'en avoir profité. Ne jamais suspendre son souffle au porte-manteau des souvenirs sous peine de ne plus pouvoir le reprendre. Et n'accorder du crédit aux fantômes que s'ils vous tendent les bras là, maintenant, tout de suite...

Qui n'a jamais été surpris par une ombre surgissant au détour d'un sentier au moment où l'on s'y attend le moins? Vous savez, le genre déchiqueté, agressif, angoissant... Un puits sombre aux contours tortueux, aux angles si improbables qu'on se demande quelle position ont bien pu prendre les rayons du soleil pour donner un tel résultat.

Et si en réalité, l'image au sol se mettait à vivre en trois dimensions, hypothécant sa planéité pour se creuser un volume au sein de la terre? Elle deviendrait tout à tour refuge ou piège, selon l'humeur du jour. Le malheureux qui y glisserait un orteil n'en reviendrait pas, ou alors, délesté de la portion de lui-même qui aurait goûté de cette ombre creuse.

Mais si au contraire, elle devenait montagne, arborant sa convexité comme un bouclier, nous embrasserait-elle de sa fraîcheur pour nous abriter de la canicule, ou nous phagocyterait-elle pour grossir encore?

Mon ombre à moi est très sage, posée bien à plat sur le sol devant moi, sans déborder d'un poil. Elle a appris à se tenir dans le vaste monde, et je la remercie parfois en la laissant filer un peu le soir, quand le soleil va se coucher. Elle s'étire alors longuement et je la sens heureuse, prête à se fondre dans l'oubli rassurant de l'obscurité...

Photo: St Michel, Efelo dream factory

Dans le dépôt-ventre aujourd'hui...

Nous sommes vendredi, jour du poisson, paraît-il. J'ai donc envie de partir en exploration vocabulistique maritime...

- Poisson-chat: le silure

- Poisson-clown: l'amphiprion

- Poisson volant: l'exocet (au passage, surprise de découvrir qu'il a donné son nom à une famille de missiles bien moins poétique...)

- Poisson-lune: la môle (où l'on passe d'une structure architecturale - exemple: le Môle d'Escale à La Pallice- à une anomalie grave de la grossesse, en passant par d'autres dénominations géographiques, pour en arriver à cette bestiole assez encombrante...)

- Poisson d'argent: le lépisme (qui excelle dans la sculpture sur vieux livres...)

- Poisson rouge: le carassius

- Poisson-pilote: l'ostracion

- Poisson-chien: l'Umbra krameri

- Poisson-papillon: le chaetodon

- Poisson-épée: l'espadon

- Poisson-globe: le tétraodon

- Poisson-paradis: le macropode

- Poisson-perroquet: le scare (bien qu'au féminin, cela serait plus drôle...)

- Poisson-scie: pristidé

- Poisson-pilote: carangidé

- Poisson-tigre: l'hydrocyon

- Poisson-scorpion: scorpénidé

- poisson-ruban: le régalec

Il y en a sans doute d'autres. Ceci dit, pour ma part, ce sera merlu (le célèbre poisson-mayo) ou encore bar (poisson-papillotte). A moins que je ne laisse tenter par une barbue (poisson-cher)? Bon appétit!

Dans le dépôt-ventre aujourd'hui...

Je vais y mettre une petite anecdote. Hier, j'achète des vêtements dans un grand magasin récemment endeuillé. A la caisse, un jeune homme charmant, sans doute un étudiant. Il me lasérise tous les articles, les dépose en vrac devant lui, et sort un sac en plastique pour les y ranger. Puis, saisissant d'une poigne ferme l'informe amas textile, il l'enfourne sans plus de cérémonie dans la poche, en tassant pour que tout rentre bien. Et là, un fou rire m'a pris. Un bête fou rire, qui l'a laissé un peu médusé devant sa caisse. Peut-être m'a-t-il pris pour une imbécile... Tant pis! C'est vrai que d'habitude, je tombe sur des hôtesses consciencieuses qui plient soigneusement les vêtements avant de les mettre en sac. Même en me défendant de vouloir faire un amalgame facile, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la façon qu'il avait de ranger le linge chez lui aussi. Une petite pensée solidaire m'est venue pour la personne qui partage peut-être sa vie... Je l'ai quitté en lui souhaitant bon courage pour plier son linge... Oui, il dira certainement qu'il a rencontré une folle aujourd'hui!